« La complexité sociale et culturelle de la société réunionnaise offre des champs d'investigation riches et variés aux chercheurs en sciences humaines et sociales. Une profusion d'écrits d'historiens, de géographes humains, d'économistes, d'anthropologues et de linguistes sont déjà disponibles et témoignent de la diversité des recherches à mener sur cette société- La complexité du « laboratoire réunionnais », comme beaucoup de chercheurs ont l'habitude d'appeler La Réunion, s'amplifie aujourd’hui du fait de son insertion croissante dans l'espace global animé par la circulation d'idées, d'objets et de personnes. Ses logiques et dynamiques propres peuvent sembler échapper à la compréhension nuancée de sa réalité et engendrent parfois des interprétations rapides et schématiques.Les recherches anthropologiques à La Réunion ont commencé au début des années 1970, après celles menées par des géographes, historiens, juristes et économistes, dans le nouveau Centre Universitaire de La Réunion. Invité en 1972 à diriger un séminaire fondateur, l'anthropologue Jean Benoist engagea les premières véritables investigations sur le monde rural (notamment le développement et ses « freins »), sur le pluralisme médical et sur l'hindouisme local. Ses travaux ont particulièrement porté sur les processus de créolisation, qu'il analysait parallèlement aux Antilles, mettant en jeu une cohabitation humaine imposée, avec ses déterminations sociales, et une fluidité et créativité culturelle ; dans sa perspective, la créolisation culturelle (le « bricolage » lévi-straussien) étant à même d'infléchir les contraintes du système. Très impliqué dans le lancement de la revue Etude* créoles, il a produit quelques réflexions majeures sur La Réunion (1974, 1983, 1984, 1993, 1998).Jean Benoist fut également à l'initiative de la venue de Paul Ottino, qui lança en 1975 le Département d'Anthropologie, au moment où les linguistes de l'Université travaillaient sur les langues créoles. Tournant le dos au structuralisme au profit de la phénoménologie sociale, en passant par l'interactionnisme symbolique, l’ethnométhodologie, la théorie de la reproduction de Bourdieu, et de nombreuses approches théoriques qu'il estimait pouvoir être mobilisées ponctuellement pour appréhender la société réunionnaise, Paul Ottino, a mis en œuvre ce qu'il appelait une « anthropologie généralisée », ou une « anthropologie du quotidien », appliquée au monde actuel »
Source : Christian GHASARIAN. Anthropologies de-là Réunion. Editions des archives contemporaines, 2008. 257 p. ISBN 978-2-914610-75-9
http://L'anthropologie de la Réunion








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