Après chaque accident de surf, le préfet pour apaiser "les amis de la mer" autorise une chasse aux squales. Les requins péchés par des proches de la communauté des surfeurs sont en réalités mise à mort loin des côtes réunionnaises. [Actualité commenté par Patriyot Rénioné]
Après la mort de deux surfeurs, le préfet a autorisé la mise à mort de dix mangeurs d'hommes. Bardot tempête. Les spécialistes sont dubitatifs.
Chaque année, l'homme pêche et tue plusieurs millions de requins. Chaque année, les requins croquent une demi-douzaine d'humains. Le combat est particulièrement inégal pour les écolos qui dénoncent l'effroyable tuerie des squales, le plus souvent pour se régaler de leurs ailerons. Mais à La Réunion, c'est une autre histoire. Depuis le début de l'année, les requins tentent de rééquilibrer la balance. Par quatre fois, ils sont passés à l'attaque, avec un remarquable taux de réussite de 50 %. Deux surfeurs en sont morts, dont Mathieu Schiller le 19 septembre dernier. Ce dernier a été happé par un requin alors qu'il surfait à une vingtaine de mètres de la plage de Saint-Gilles. Depuis, son corps reste introuvable. Mort atroce.
L'opinion locale s'en est émue. Les baigneurs se sont mis à déserter les plages, entraînant l'inquiétude des professionnels du tourisme. Le préfet de La Réunion se devait d'agir. Lundi, il décidait que les coupables devraient être identifiés et châtiés ! Même s'il sait pertinemment que les requins ont toujours été présents sur la côte réunionnaise, que les attaques restent malgré tout très rares et qu'il faut plutôt en incriminer l'invasion du milieu marin par les surfeurs et les nageurs. Qu'importe, en guise de représailles, le digne représentant de l'État charge donc deux pêcheurs professionnels d'identifier les requins dangereux qui se seraient sédentarisés à proximité des sites de baignade et de les pêcher. Il délivre un bon à tuer pour dix requins-bouledogues et tigres, les plus dangereux.
Cette décision a aussitôt provoqué une réaction fulgurante de notre passionaria nationale des animaux Brigitte Bardot qui dénonce cet assassinat prémédité contre une espèce déjà décimée et menacée d'extinction. Encore une fois, ils seront nombreux à l'accuser de préférer les animaux aux hommes. Quoi qu'il en soit, rares sont les spécialistes à croire que cette opération d'extermination portera le moindre fruit. Car ce n'est pas la disparition d'une poignée de requins qui résoudra la question. Ils sont des centaines d'autres à rôder au large, alléchés par ces planches qu'ils croient être de gros poissons. La première journée de l'opération anti-requin, ce mardi, n'a rien donné. Les deux professionnels assermentés par la préfecture pour opérer dans le secteur allant du cap La Houssaye aux Brisants n'ont fait que deux touches sans pouvoir remonter les requins. L'un deux a réussi à s'enfuir après plusieurs heures d'un valeureux combat. Était-ce le tueur ? Nul ne le sait. Reste encore deux jours pour obéir aux ordres préfectoraux.
En attendant, on parle d'équiper les principales plages de l'île de boucliers protecteurs et le préfet a déjà prévu tout un dispositif pour protéger la compétition de surf qui se déroulera ce week-end à Saint-Paul : scaphandriers, Jet-Ski, plongeurs, filets de protection...
Pour autant, les victimes des requins, celles qui ont réussi à s'en tirer, ne sont pas toutes revanchardes. Ainsi, Yann Perras qui a abandonné, voilà 7 ans, sa jambe gauche à un requin affamé milite aujourd'hui pour la sauvegarde des squales aux côtés de l'association Pew Environment. "La préservation des requins est extrêmement importante pour la préservation de l'équilibre des écosystèmes marins." Enfin, rappelons l'histoire de Nick Paterson, un jeune Australien de 18 ans qui se fit dévorer par un requin blanc en 2004 alors qu'il faisait du ski nautique au large d'Adelaïde. Le lendemain, les autorités de la ville autorisent la chasse au mangeur d'hommes. C'est alors que le père de Nick en personne intervient pour demander que la sentence de mort ne soit pas appliquée. Il s'en explique : "La mer est le domaine des requins... Les requins doivent être admirés, appréciés et respectés. Nick le savait."
Par Frédéric Lewino
Source : http://www.lepoint.fr/actu-science/la-reunion-condamne-dix-requins-a-mort-27-09-2011-1378094_59.php
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