Avocat à Paris, président du Mouvement de légalisation contrôlée et auteur de Legalize it, un ouvrage à paraître à la rentrée, Francis Caballero a élaboré un vaste programme où la production, la vente et la consommation de cannabis seraient encadrées par loi. Dans ce projet, la Réunion serait un producteur officiel de zamal.
Êtes-vous un fervent partisan de la dépénalisation du cannabis ?
Francis Caballero : “Pas du tout ! J’en suis même un adversaire. Les “libertaires” comme je les appelle, ne veulent plus pénaliser la consommation pour libérer l’usage du cannabis. C’est une très mauvaise politique qui, finalement, se rapproche de ce qu’on fait aujourd’hui. Dans les faits, les cas de poursuite judiciaire pour usage sont rares. Les autorités trouvent généralement d’autres moyens pour condamner les consommateurs. La dépénalisation est aberrante parce qu’on tolérerait le droit d’acheter mais pas de vendre ! Le marché du cannabis resterait alors entre les mains des trafiquants, sans aucun bénéfice pour la santé publique.
Que préconisez-vous ?
Je suis pour une légalisation contrôlée. La filière serait entièrement gérée par l’État, de la production jusqu’à la distribution. La consommation serait uniquement autorisée dans les lieux privés. En dehors de ce cadre, elle serait encore punie par la loi.
Quels avantages voyez-vous dans ce système ?
Je ne roule ni pour les consommateurs ni les producteurs. Simplement, ce système permettrait de lutter contre le trafic de cannabis puisque la production serait désormais organisée par l’Etat. On pourrait également améliorer la santé publique puisque de gros efforts seraient menés en terme de prévention. On expliquerait les dangers liés à ce produit, les risques lors d’une première consommation ou sur le mélange avec l’alcool...Les personnes qui consomment trop pourraient trouver une aide à la désintoxication...
Comment imaginez-vous l’organisation de la production de cannabis ?
Elle serait confiée à des cultivateurs agréés, des “cannabiculteurs”. En dehors de ces autorisations, la production serait interdite et le droit pénal s’appliquerait. Mais la législation serait adaptée au produit. Aujourd’hui, celle-ci, vieille de plus de 40 ans, est ridicule. La consommation peut-être punie d’un an ferme de prison, la détention d’une barrette de haschich de 10 ans et la production de 20 ans de prison et de 7,5 millions d’euros !
Pourquoi la Réunion fait partie des lieux de production que vous privilégiez ?
Parce qu’avec le zamal et tout comme les Antilles ont la ganja et la Polynésie le pakalolo, la Réunion fait partie de ces lieux où il existe une culture et une consommation traditionnelle du cannabis. Dans ces zones, la plante pousse naturellement en extérieur. Le climat s’y prête. Il n’est pas question dans mon idée de produire la plante en intérieur en dépensant de l’énergie pour alimenter des lampes. La production serait en partie destinée à la consommation locale et l’autre partie serait exportée vers la métropole. Une société réunionnaise du cannabis, filiale de la société française éponyme, gérerait cette production.
Avez-vous une idée de la production annuelle nécessaire ?
Au total, il faudrait produire 1000 tonnes d’herbes par an. Des milliers d’emplois pourraient être créés dont quelques centaines à la Réunion. Les producteurs agréés seraient très bien payés pour ce métier. Toute leur production serait achetée par les filiales locales de Société française du cannabis et revendue dans des “cannaboutiques” où le cannabis serait vendu entre 4 et 5 euros le gramme.
Votre système risque de ne pas faire l’unanimité...
Mais c’est déjà le cas ! Pour le moment, il ne s’agit pas de provoquer mais de mettre en place un système qui autoriserait un usage discret et passif. Il n’est pas question de faire la promotion du cannabis mais de lutter contre le trafic et de mettre en place des actions de protection de la santé publique.”
Propos recueillis par Jean-Philippe Lutton
Francis Caballero : “Pas du tout ! J’en suis même un adversaire. Les “libertaires” comme je les appelle, ne veulent plus pénaliser la consommation pour libérer l’usage du cannabis. C’est une très mauvaise politique qui, finalement, se rapproche de ce qu’on fait aujourd’hui. Dans les faits, les cas de poursuite judiciaire pour usage sont rares. Les autorités trouvent généralement d’autres moyens pour condamner les consommateurs. La dépénalisation est aberrante parce qu’on tolérerait le droit d’acheter mais pas de vendre ! Le marché du cannabis resterait alors entre les mains des trafiquants, sans aucun bénéfice pour la santé publique.
Que préconisez-vous ?
Je suis pour une légalisation contrôlée. La filière serait entièrement gérée par l’État, de la production jusqu’à la distribution. La consommation serait uniquement autorisée dans les lieux privés. En dehors de ce cadre, elle serait encore punie par la loi.
Quels avantages voyez-vous dans ce système ?
Je ne roule ni pour les consommateurs ni les producteurs. Simplement, ce système permettrait de lutter contre le trafic de cannabis puisque la production serait désormais organisée par l’Etat. On pourrait également améliorer la santé publique puisque de gros efforts seraient menés en terme de prévention. On expliquerait les dangers liés à ce produit, les risques lors d’une première consommation ou sur le mélange avec l’alcool...Les personnes qui consomment trop pourraient trouver une aide à la désintoxication...
Comment imaginez-vous l’organisation de la production de cannabis ?
Elle serait confiée à des cultivateurs agréés, des “cannabiculteurs”. En dehors de ces autorisations, la production serait interdite et le droit pénal s’appliquerait. Mais la législation serait adaptée au produit. Aujourd’hui, celle-ci, vieille de plus de 40 ans, est ridicule. La consommation peut-être punie d’un an ferme de prison, la détention d’une barrette de haschich de 10 ans et la production de 20 ans de prison et de 7,5 millions d’euros !
Pourquoi la Réunion fait partie des lieux de production que vous privilégiez ?
Parce qu’avec le zamal et tout comme les Antilles ont la ganja et la Polynésie le pakalolo, la Réunion fait partie de ces lieux où il existe une culture et une consommation traditionnelle du cannabis. Dans ces zones, la plante pousse naturellement en extérieur. Le climat s’y prête. Il n’est pas question dans mon idée de produire la plante en intérieur en dépensant de l’énergie pour alimenter des lampes. La production serait en partie destinée à la consommation locale et l’autre partie serait exportée vers la métropole. Une société réunionnaise du cannabis, filiale de la société française éponyme, gérerait cette production.
Avez-vous une idée de la production annuelle nécessaire ?
Au total, il faudrait produire 1000 tonnes d’herbes par an. Des milliers d’emplois pourraient être créés dont quelques centaines à la Réunion. Les producteurs agréés seraient très bien payés pour ce métier. Toute leur production serait achetée par les filiales locales de Société française du cannabis et revendue dans des “cannaboutiques” où le cannabis serait vendu entre 4 et 5 euros le gramme.
Votre système risque de ne pas faire l’unanimité...
Mais c’est déjà le cas ! Pour le moment, il ne s’agit pas de provoquer mais de mettre en place un système qui autoriserait un usage discret et passif. Il n’est pas question de faire la promotion du cannabis mais de lutter contre le trafic et de mettre en place des actions de protection de la santé publique.”
Propos recueillis par Jean-Philippe Lutton
Share On
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire